Un nouveau monde, un nouveau père. J’essaye de m’y faire. La Grèce n’existe plus. Peu importe à quel point je pourrais me battre pour atteindre la surface, je ne pourrai plus jamais retrouver ma mère. J’ai entendu parler d’une Perséphone, venue d’autre part, comme ce nouveau Hadès, celui qui n’est pas mon père. Je ne cherche pas non plus à la rencontrer, à apprendre à la connaître. Je voulais connaître ma mère, ma Perséphone, celle à qui mon père a caché la vérité de ma survie. Je voulais comprendre qui je suis, pourquoi je suis tel que je suis et c’est maintenant impossible. Je n’ai pas envie d’apprendre à la connaître plus que les âmes qui j’ai toujours croisé en essayant de rejoindre la surface. La cruauté de cette punition me paraît démesurée et je ne connais personne qui voudrait me l’infliger. Du moins, personne qui n’en aurait le pouvoir. Mon père se serait vengé autrement. Plus sournoisement. Il aurait sans doute augmenté la sécurité des Enfers, aurait moins pris notre combat comme un jeu peut-être. Je ne sais pas, mais je ne peux être ici par sa faute.
A défaut d’une solution miracle pour revenir dans mes Enfers, je passe mes nerfs sur les âmes qui se trainent dans les Enfers d’ici. J’ai bien essayé le suicide, dans l’espoir de ressortir du bassin du Styx dans le palais de mon Père, mais après quelques tentatives, j’ai abandonné l’idée. Les âmes donc, j’extériorise ma colère contre elles. Heureusement, j’ai encore le bouclier du Chaos avec moi. De temps à autre, je passe par la Maison de ce nouveau Hadès, par… respect, ou je ne sais quoi : il a l’air assez susceptible et cinglé comme ça, je n’ai pas envie de m’éclipser trop longtemps, il pourrait s’imaginer que je fomente quelque coup d’état et quitte à être coincé ici, je préfère garder avec lui des relations cordiales. S’il n’approuve pas le massacre massif de ses âmes de compagnie déjà mortes, il me le fera savoir.

Là (soir, matin, personne ne saurait dire dans ce royaume), je rentre d’une expédition supplémentaire dans les tréfonds de son royaume, pas plus joyeux qu’à mon habitude. Thanatos ne vient plus me filer la main. Nos duels me manquent, ces rendez-vous clandestins qu’il craignait que quelqu’un découvre. Il s’en faisait pourtant une joie, mais s’efforçait de la garder secrète. Même Megaera me manque… d’une certaine façon. Pas de toutes les façons, mais j’en viens parfois à regretter ce que nous avons été. Uhm. Je dois vraiment souffrir de la solitude pour en venir à regretter la caresse de son fouet sur  ma peau (note pour plus tard : demander à Bae où est mon ship).
Tout à ma mélancolie, je regagne le palais de ce nouveau Hadès en trainant de mes petits pieds encore éteints, aux abords duquel je croise un visage que je n’ai encore jamais vu. Soit, soyons poli :

« Hey ! Je ne crois pas qu’on se soit déjà croisés. Je m’appelle Zagreus. »