Dans la pénombre du jour levant, Fred avait marqué un temps d'arrêt, devant les fenêtres de son dortoir. C'était toujours agréable, au petit matin, de n'entendre que le silence assourdissant qui cachait le bruit de la pluie qui tombait à l'extérieur, laissant remonter dans tout Poudlard, laissant une impression de fraîcheur matinale qu'il aimait tant. Ca n'arrivait pas souvent que Fred soit l'un des premiers levés dans ce dortoir, mais à chaque fois, c'était comme un moment béni.

Il jeta un coup d'œil circulaire, et sourit en voyant son frère dormir comme un bébé. Décidément, il pourrait dormir sur une pierre sans le moindre souci. C'était sûrement ça, leur plus grande différence. Fred, lui, avait surtout besoin d'un peu de confort.

Il avait enfilé un des affreux pulls ornés d'un "F" que sa mère lui tricotait à chaque Noël, et laissa glisser les pieds dans ses pantoufles. L'espace d'un instant, il avait imaginé la tête de Rogue s'il se ramenait habillé comme ça à un de ses cours, avant de réaliser que l'heure était encore trop peu avancée pour que Rogue n'ait quoi que ce ne soit à dire sur sa tenue.

En essayant de chasser cette idée, il était descendu à la salle Commune des Gryffondors, avant d'en sortir pour rejoindre la Grande Salle. Il était tôt, et il n'y avait pas grand monde debout.. En fait, il n'y avait personne, mis à part une chevelure qu'il aurait reconnue entre mille. Avec un sourire au coin des lèvres, il s'approcha d'elle, en silence, avant de lancer. « Salut Brindille emmanchée. » dit-il avec un sourire. Il n'était pas particulièrement méchant, ce surnom, mais ça n'était pas très délicat, bien que Camille semblait ne plus y prendre gare. Après tout, Camille et Brindille, ça sonnait bien ensemble !

Il lui donna un léger coup de coude, avant de s'asseoir. Les elfes de maison travaillaient bien, il fallait l'avouer. Il y avait déjà de quoi manger pour les plus tôt levés. C'était pas partout qu'on avait ça, bien qu'il n'adhérait pas à certains principes extrêmes, dont notamment ceux d'Hermione, il n'en restait pas moins reconnaissant. «T'es levée tôt, dis moi.» dit-il en sourcillant, comme si lui, ne l'était pas.

Déjà naturellement, elle n'est pas une grande dormeuse, mais dans cette étrange rentrée scolaire, c'est pire. Elle est beaucoup trop soucieuse pour dormir. Déstabilisée par la présence d'un Sirius Black jeune et d'un James Potter qui est encore son meilleur ami ... Cette horrible question fuse en boucle dans sa tête. Son père est innocent, elle en est sûre ... Mais qui donc a trahit James Potter ? Elle qui a grandi sans son père, elle qui n'a aucune nouvelle de lui ... Que c'est difficile de voir ce visage jeune et insouciant. Le prince de Poudlard comme disent les filles.

Camille s'est levée tôt, ne cessant de tourner dans son lit. Elle s'est rendue à la volière pour écrire une lettre à Remus, son parrain, et celui qui a prit soin d'Emma et elle pendant toutes ces années. Elle lui parlait de ses doutes, de ses peurs et de ses incertitudes. Malgré tout, Camille avait toujours beaucoup de choses positives à lui raconter également. Après tout, elle est l'éternelle optimiste entre les deux soeurs.
Enfin, elle est retournée dans la grande salle ... Avant d'avoir une illumination soudaine. Le devoir de potions que Rogue leur a donné pour la rentrée ! C'est totalement sorti de sa tête durant toutes les vacances. Inutile de mentir, le professeur Rogue la terrifie ! Affolée, elle a ramené plusieurs livres auprès d'elle pour traiter son sujet.

D'après elle, qu'est-ce que serait la recette d'une potion de Veritaserum ?
Elle est occupée dans ses recherches, quand la voix familière de Fred l'interpelle. Oui, elle n'a pas besoin de ce surnom ridicule pour différentier les jumeaux. Ne lui demandez pas comment elle fait ! C'est l'amour l'instinct ! Camille relève la tête et son regard s'éclaire ! Un sourire se forme sur son visage, comme à chaque fois qu'elle voit un des jumeaux Weasley. Elle n'est pas leur meilleure amie pour rien ! AMIS OUI ! Malgré les allusions de George concernant Fred, qui la font rougir jusqu'aux oreilles.

"Il faut bien ! Je suis trop tête en l'air ... J'ai totalement oublié le devoir du professeur Rogue." Elle frisonne. "Je préfère éviter de m'attirer ses foudres dès le premier jour et ... Tu ferais mieux d'en faire de même."

Le reproche est dit d'une fausse voix moralisatrice, on sait tous qu'elle est amusée par l'ambiance que donne les jumeaux.

"Et puis ... Ce début d'année est plutôt étrange. C'est perturbant ! Avec autant de cas bruyants chez les Gryffondor, les murs n'ont pas fini de trembler, n'est-ce pas ?"

C'était étrange, d'être si seul entre ces murs, de si bon matin. Les couloirs de Poudlard étaient rarement vides. En fait, ils ne l'étaient même jamais, quand on y pensait bien. Même pendant les heures de cours, il y avait toujours quelqu'un, un fantôme ou un élève fait de chair et d'os, pour rendre les lieux plus accueillant que tout ce qu'il aurait pu imaginer. Sur terre, il n'y avait qu'un seul lieu plus réconfortant, et c'était le terrier. Mais ça n'était pas lui qui dirait à sa mère ce qu'il en pensait. Il aimait beaucoup trop l'embêter pour lui donner la moindre clef à user contre lui.

Il sourit à Camille avec un petit air à la fois joueur et rêveur. Elle l'avait reconnu, et dans un sens, c'était tellement agaçant, parce qu'il était incapable de lui faire peur. Grrr ce que ça pouvait être énervant, parfois. Mais d'un autre, il adorait voir le sourire sur le visage de la petite Brindille Blonde et Emmanchée.«Ouuuh, ça n'a pas l'air très marrant, ta vie en ce moment. Des devoirs, qui te réveillent... T'aurais mieux fait de venir tester nos produits de la boîte à flemme, ça t'aurait évité le devoir.» Dit-il, encore plus joueur, avant de rire, et de faire un petit geste de la main, qui voulait dire que ça ne le touchait pas vraiment. «Moi ? Un devoir ? Pouah, j'y vais au talent, Brindille !» dit-il en riant de plus belle, avant de passer le bras au dessus de son bouquin pour prendre un pain au chocolat, et de croquer énergiquement dedans. Il avait faim !

Alors qu'il se concentrait à manger, parce que oui, il fallait se concentrer pour en profiter le mieux, il tourna la tête vers Camille. Doucement, lentement que ça en était flippant, puis il lui tendit un pain au chocolat non encore mangé. «Tu n'as pas compris. C'est ça qui est bien. On est en compagnie des Maraudeurs. Des MARAUDEURS ! Ce sont nos maîtres à Georges et moi. On a quasiment tout appris d'eux.» dit-il fièrement, avec une joie non démesurée ou dissimulée. «Allez quoi ! Dis moi, c'est quand même génial de pouvoir fricoter avec le passé !»
Enfin, Fricoter... Magouiller, oui.

C'est vrai, les devoirs c'est plutôt un fardeau, alors dès le matin, quelle horreur. Mais si vous voulez son avis, le professeur Rogue est le plus effrayant de tout ce qui peut la rebuter ! Camille est toujours prise de stress quand elle commence un cours de potion. Maladroite et avec un léger problème de concentration, la matière n'est pas faite pour elle. Elle le sait. Rogue le sait. Et Rogue n'aime pas les faibles. Ni les bons d'ailleurs. Sauf s'ils sont de Serpentard. Elle est à Gryffondor. Vous saisissez le soucis ? Bref, elle frôle la syncope à chaque cours en se morfondant en excuses. Alors venir avec un devoir non fait ? Impensable !

"Je n'ai pas ton audace pour affronter le terrible professeur Rogue, mon cher Fred."

Elle lève faussement les yeux au ciel mais éclate de rire en le regardant manger tout en manifestant son amour pour ses mentors, les idoles de son existence, aka les Maraudeurs.

"Je sais je sais, tu me le dis tous les jours depuis 7 ans. Je vais finir par croire que tu es ami avec moi uniquement pour ça." L'accusation est fausse et son petit rire taquin le montre bien, comme le petit coup de coude, pas bien fort, mais suffisamment pour lui faire tomber son pain au chocolat. Pain qu'elle rattrape et termine. Il fallait être plus rapide monsieur Weasley !

Mais en effet, Camille est la fille d'un des maraudeurs, bien que ça, c'est un secret que seuls les jumeaux savent, et que de toute manière, elle vit avec Emma chez Remus. Elle a donc toujours été proche des Maraudeurs et se revendique comme telle, même s'il y a encore beaucoup de chemin à faire pour qu'il puisse revendiquer le titre.

"Oui c'est vrai, je suis heureuse ... Mais anxieuse aussi. Je ne sais pas quoi penser de tout ça, ça remue beaucoup de choses" murmure-t-elle pour elle même avant de se rendre compte de son ton affligé. Camille secoue les mains devant elle pour rassurer Fred.

"Enfin je veux dire que c'est une opportunité un peu stressante. Mais Remus est adorable ! Enfin, c'est Remus, il ne peut que l'être ..."

Il embêtait souvent Camille depuis qu'il avait compris. Pendant un temps, il avait eu un peu peur de ce que son passé pouvait impliquer, et peut-être qu'au tout début, George et lui étaient un peu réticents à devenir amis avec elle. Mais finalement, c'était très vite devenue une évidence. La petite brindille avait réussi à se faire une place dans leur cœur, et dans leur vie. Elle n'était pas leur meilleure amie pour rien. «Il s'agit pas d'audace. Il te fera rien. Et c'est pas un T en potions qui doit faire peur. Surtout pas à toi, Brindille. Ta vie ne se définit pas par une note, et t'arriveras toujours à t'en sortir.» Il était sincère. Son intellect était tel que personne ne pouvait rien lui faire, c'était une évidence à ses yeux. Il haussa les épaules. «Je suis pas devenu ami que pour ça avec toi.» dit-il avec un sourire en coin et un air malicieux, avant de lui donner un léger coup sur l'épaule.

«Mais plus sérieusement, t'as pas envie d'en connaître plus sur le monde qui est le notre, sur les secrets, rencontrer des gens du passé ou du futur ? Sans pour autant chercher à connaître toutes les réponses, hein !» Il l'avait regardée manger son pain au chocolat sans rien dire, mais sans approuver pour autant. Non non, ça n'était clairement pas quelque chose qu'il tolérait, ça ! On ne vole pas sa bouffe à un Weasley sans conséquence. Noooon madame ! Fred allait trouver, comme une pastille de gerbe dans sa boisson, typiquement de lui. Bon, la dernière fois, elle lui avait donné un sale coup de livre de métamorphose sur la tête qu'il en a été sonné pendant quasiment toute une journée, mais ça avait valu le coup, jusqu'à ce que George rapplique avec la pastille pour la guérir.

Il réalisa ensuite la détresse dans les yeux de Camille, et oubliant -momentanément- son désir de prendre une revanche, il lui attrapa la main. «Hé. T'inquiète pas. Tout ira bien, je te le promets. Tu n'es pas seule, on est tous là. Remus, ta soeur, George, moi. Et tellement d'autres personnes que j'oublie encore.» dit-il avec un immense sourire à son égard, un sourire plein de réconfort, d'amitié mais surtout de soutien.