Comme à chaque match sportif, Kopa avait quitté les gradins, refusant de voir ses amis et sa famille jouer ... Il pourrait les supporter, mais c'était trop pour lui ... Pas quand il n'était qu'un inconnu aux yeux des autres. Un mort. Il soupire et quitte l'université pour vadrouiller un peu autour de l'établissement, restant sur la grande place extérieur. Kopa s'installe à une table, ou plutôt il s'y laisse tomber, avachi.

Un énième soupire franchit ses lèvres pendant qu'il lève les yeux vers le ciel et qu'il se frotte la tête, soucieux. Kopa redresse sa capuche sur sa tête. La vie lui cause bien des soucis. Financier et moral. Il n'est même pas sûr de pouvoir finir son mois. Enfin ... Quand on pense qu'il vit clandestinement dans l'école ... Il déballe son sandwitch et mange. Ah qu'est-ce qu'il donnerait pour un bon plat fumant. Mais bon, il ne peut pas se permettre de faire la fine bouche.

C'est bien au dessus de ses forces de continuer de regarder sa famille, qui continue de faire sa vie, ignorant totalement qu'il est revenu à la vie sur les terres d'Arcadia.

Pendant qu'il mange, son regard se pose sur ... Vitani. Il la reconnaît sans mal pour l'avoir vu de nombreuses dois dans le coin, avec Kovu. Elle est là pour voir le match de son frère ? Le jeune prince reste silencieux à l'observer.

Mal de tête carabiné bonjour. De plus en plus habituel pour Vitani. Ses insomnies doivent jouer, forcément. Et quand elle dort, cauchemar dont elle ne se souvient jamais à son réveil. Joie. Ce qui évidemment joue sur son humeur générale. Vitani fuit le sommeil, travaillant sur sa musique des nuits durant. Tout en essayant de ne pas réveiller son frère dans la pièce voisine.

Vitani était posée sur les marches de la bibliothèque, donnant sur une place, attendant le dernier moment avant d’aller rejoindre le stade pour voir son frère jouer. Autant sa musique ça va, mais la folle d’un stade universitaire ça ne va pas aider son mal de tête. Mais elle peut pas rater un match de Kovu. Pour la forme.

La jeune femme se massa les tempes et sortit de sa poche une boite de médicaments. Mmmmmh. Elle se leva et s’approcha d’une table où quelqu’un était assis. Elle avait l’impression que plus elle s’approchait, plus son mal de tête s’accentuait.

« Salut. T’aurais pas une bouteille d’eau par hasard ? »

Alors ouai, il parait que ça le fait pas de demander ça à une personne qu’on connait pas, qu’on sait pas ce qu’elle pourrait te faire boire etc etc… M’enfin, là on parle de Vitani alors bon…

Pourquoi ? Pourquoi est-ce qu'il a fallu qu'elle vienne lui parler ? Pourquoi est-ce si douloureux de voir toujours la même indifférence dans le regard de tous ces anciens proches ? Qu'est-ce qu'il est censé dire ? Non ... Kopa ne fait plus partie de cette vie depuis trop longtemps. Ce serait pire de s'annoncer ... Certaines choses doivent rester au passé ... Il ne veut pas souffrir de nouveau.

Son visage se ferme, il doit se retenir de l'envoyer balader, de lui hurler de toute ses forces de partir. Sa colère n'est pas dirigé contre Vitani ... Il ne pourrait jamais ... C'est juste ... Injuste. Tout comme il voudrait la secouer et la supplier de le reconnaître, de ne pas le laisser seul, l'implorer de ne pas l'oublier ... Parce que lui, il ne l'a jamais sorti de sa tête et que putain, il se sent tellement seul. Pourquoi est-ce que tout est si dramatique ?

Mais Kopa garde son sang froid et se fait violence pour se détendre. Il fini par attraper sa bouteille d'eau et la lui tendre.

"Elle n'est pas encore ouverte, tu peux la garder."

Une montagne de bruits se fait entendre sur le terrain, non loin. Il tourne la tête par réflexe.

"On dirait que les sportifs font fureurs. Tout dans les muscles et rien dans la tête."

D'accord, son petit frère et son ancien meilleur ami -frère de la fille qu'il aime- sont dans l'équipe mais ... Est-ce faux ? Un léger sourire franchit ses lèvres. Ce n'est pas dit méchamment.

Pourquoi ? Vitani ne le sait pas vraiment. Deux sentiments diamétralement opposés et bien étranges l’animaient actuellement. D’un côté, elle avait voulu venir le voir, lui, et lui parler. De l’autre côté, elle avait juste envie de partir en courant. Pourquoi ? La jeune femme n’avait bien sûr pas la réponse. Son frère pourrait le savoir lui, mais elle…

Vitani nota la crispation chez son nouvel interlocuteur. Plus froid, plus fermé. Visiblement, il avait aucune envie qu’elle vienne le déranger. Ça fait toujours plaisir ce genre de réaction. Bon, après, la lionne était pas toujours un modèle de sociabilité et pouvait cordialement envoyer balader les gens.

Oh Kopa si tu savais… Si tu savais que les choses allaient bien plus loin que de ne pas simplement te reconnaitre. Elle t’a véritablement oublié. Vitani a enfui au plus profond de son esprit ton souvenir, avant de fermer la porte à double tour. Refoulant de ce fait des souvenirs bien trop douloureux pour elle, qui joue les dures – qui peut l’être parfois – mais qui ne l’ait un fond pas tant que cela…

« Merci »

Elle lui prit la bouteille un peu étonnée et l’ouvrit aussitôt. Elle s’attendait à se prendre un non, de par sa crispation précédente. Prenant un comprimé dans la bouche, elle l’avala avec une gorgée d’eau.

« Vivement que ça fasse effet… » souffla-t-elle pour elle-même. Ses insomnies et ses migraines allaient-elles un jour lui foutre la paix ? Et ses cauchemars aussi au passage ?

Vitani suivit le regard du jeune homme vers le stade. Le match avait donc commencé. Vu le bruit, elle avait pas particulièrement envie d’aller voir Kovu jouer. Un sourire moqueur étira les lèvres de la musicienne.

« Mon frère est dans l’équipe, et c’est un truc que je lui dis souvent, à cet idiot. »

Elle reporta de nouveau son regard avec le jeune homme, de nouveau assaillit par ces étonnants sentiments contradictoires. Une petite pic niveau mal de crâne. Génial.

«J’en déduis que t’entre pas dans la catégorie des sportifs. Du coup, t’en as dans la tête ou pas ?»